Interview
Robert MORENO

Si je devais formuler une attente, ce serait d’être encore plus proche des établissements universitaires et du corps enseignant, afin de contribuer à notre mesure au développement des programmes et des attendus afin qu’ils soient encore plus en phase avec les besoins des entreprises.

Robert MORENO

Date de l'entrevue : 21/07/2022

Entreprise : FOURE LAGADEC

Dans un premier temps, je vous propose de vous présenter, de nous parler de votre parcours et de l’histoire de FOURE LAGADEC.

Je dirige l’agence FOURE LAGADEC de Grenoble depuis janvier 2021, après avoir été Responsable QHSE de l’agence Rhône-Alpes à la suite d’une reconversion professionnelle diplômante. Mon parcours professionnel a débuté dans la police nationale, ou j’ai passé près de 17 ans, puis comme chef d’entreprise, dans le secteur du BTP  et de la piscine individuelle.

Le groupe FOURE LAGADEC a fêté ses 100 ans cette année, il s’est développé en premier lieu au Havre dans le secteur de la chaudronnerie marine, avant d’étendre son offre de services à la maintenance pétrochimique. C’est pour développer ce secteur d’activité que l’entreprise a ouvert un deuxième établissement sur l’étang de Berre à Marseille, avant de poursuivre ce développement sur FEYZIN et dans son prolongement l’établissement Rhône-Alpes et depuis quelques mois, celui de Grenoble. Ce n’est qu’en 2018 que l’entreprise encore familiale a ouvert son capital et intègre le groupe SNEF qui détient 80% des parts de FOURE LAGADEC.

Après la pandémie, la guerre aux portes de l’Europe a ébranlé l’économie mondiale, impactant la pénurie des approvisionnements et la flambée des prix de l’énergie et des matières premières. Cette situation a des conséquences dramatiques sur certaines filières. Votre activité est-elle impactée et quelles mesures avez-vous été amené à prendre pour tenter d’y remédier ?

Compte tenu de la nature de notre métier et notre compétence à intervenir sur des sites à risques, la pandémie ne nous a pas trop impacté, notamment pour nos activités de maintenance sur sites classés SEVESO, ces derniers devant continuer à être maintenus au regard de leur classification. Nous avons donc pu poursuivre notre activité en mettant en œuvre des mesures de sécurité importantes, telle que la rotation des équipes sur sites. L’activité Atelier s’est également poursuivie, afin de pouvoir gérer les urgences de nos clients.

Nous devons néanmoins faire face à deux impacts majeurs, avec l’augmentation des coûts et délais d’approvisionnements des matières premières, qui nous ont contraint à adapter nos délais d’intervention, mais également la hausse des carburants qui a impacté le budget déplacement des collaborateurs et à laquelle le groupe a répondu en agissant favorablement sur les rémunérations.

Aujourd’hui le fonctionnement en réseau est essentiel au développement de la notoriété des entreprises, pour faciliter la mise en relation et les échanges entre Dirigeants et Managers, pour trouver des réponses aux problèmes auxquelles elles sont confrontées. Vous êtes parmi les derniers membres à avoir rejoint le Club Entreprises de Grenoble, comment avez-vous connu notre organisation, qu’attendez-vous de cette collaboration ?

Le bassin d’emplois grenoblois est riche en activités industrielles et bien que la notoriété de mainteneur de FOURE LAGADEC ne soit plus à développer, notamment dans le sud du département grâce à nos partenaires ARKEMA ou FRAMATOME, nous faisons partie des derniers arrivants et de ce fait, nous avons besoin de plus de visibilité pour nous développer.

Le Club Entreprises de Grenoble nous permettra de rencontrer d’autres industriels, nouer de nouveaux partenariats et contribuera à la visibilité de notre entreprise.

Nous avons connu le club lors d’une recherche de stagiaires et d’alternants adressée au département GMP de l’IUT, les différents interlocuteurs que nous avons rencontrés nous ont permis de rentrer en relation avec ce réseau d’entreprises.

Depuis plusieurs mois le Gouvernement rivalise de stratégies afin de promouvoir les avantages et les atouts de d’alternance. L’assouplissement des modalités du contrat d’alternance a t-il été une opportunité pour l’établissement que vous dirigez ?

Oui, pour autant, notre stratégie d’accompagnement de jeunes en études ou récemment diplômés était bien amorcée, persuadés que dans le métier de la maintenance industrielle, l’intégration et la formation d’étudiants sont un gage de réussite pour leur avenir professionnel et la pérennité de l’entreprise. L’aide financière de l’état pour promouvoir l’alternance nous a permis d’être mieux disant.

Si je devais formuler une attente, ce serait d’être encore plus proche des établissements universitaires et du corps enseignant, afin de contribuer à notre mesure au développement des programmes et des attendus afin qu’ils soient encore plus en phase avec les besoins des entreprises.

L’emploi des jeunes n’est pas au beau fixe, et paradoxalement, il s’avère aujourd’hui de plus en plus complexe de recruter et face à ce constat qui semble être unanimement partagé par les entreprises, quelle stratégie avez-vous mis en place pour recruter compte tenu des spécificités de votre activité ?

Depuis la création de notre établissement, j’ai recruté une quinzaine de personnes, dont 60 % de moins de 30 ans et je suis intimement convaincu qu’il faut que nous misions sur les nouvelles générations.

En effet, dans nos activités de maintenance, la courbe des âges est élevée et ces équipes vieillissantes détiennent un savoir et un savoir-faire précieux, qu’il est urgence de partager et transmettre aux jeunes qui se destinent à nos métiers.

C’est un message que nous devons passer aux étudiants pour qu’ils prennent conscience des enjeux et des engagements économiques des entreprises, qui parient sur eux pour réussir leur développement.

La crise sanitaire sans précédent que nous traversons depuis deux ans a modifié et fragilisé les entreprises, affectant parfois la relation entre les salariés et l’entreprise. Quels enseignements managériaux tirez-vous de cette période ?

Nous n’avons pas été confrontés, ni ressenti ce changement de comportement dans la relation au travail, car nous avons ouvert l’établissement de Grenoble durant la crise sanitaire. L’agilité des jeunes salariés et leur facilité naturelle à utiliser des outils numériques nous ont permis de jongler efficacement entre les périodes de télétravail et de travail en présentiel.

On s’aperçoit malgré tout que les collaborateurs ont besoin de lien social et de se retrouver physiquement, et c’est peut-être là la limite du télétravail.

Au niveau du groupe, cette période et ce changement ont été ressentis plus durement.

Tous les salariés qui ont dû s’adapter, se plier à nos nouveaux processus de travail, auront développé une agilité qui leur permettra d’avancer encore plus sereinement dans l’avenir.

Richard Compte